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09/02/10 : Survivre à une avalanche est soumis à une série de conditions
Le froid, cet ami du cerveau
Survivre à une avalanche est soumis à une série de conditionsAprès 17 heures d’attente sous une coulée de neige, le skieur vaudois emporté samedi par une avalanche a été retrouvé indemne (lire ci-dessus). Les conditions de son ensevelissement expliquent sa survie, qualifiée par beaucoup de miraculeuse.
Le médecin spécialiste en soins intensifs de l’hôpital de Sion n’aura fait qu’une visite rapide à Cédric Genoud: le patient n’en avait à vrai dire pas besoin. «Les éléments déterminant le pronostic vital d’une victime prise sous une avalanche sont de trois types, explique Mauro Oddo, médecin intensiviste cadre au CHUV, à Lausanne: l’épaisseur de la couche neigeuse sous laquelle la personne est ensevelie; la possibilité qu’a, ou non, la victime de respirer – si elle ne s’est pas étouffée avec la neige –; et enfin la gravité des traumatismes possibles, écrasement de la cage thoracique par exemple, associés à l’écoulement de la neige.» L’ensemble de ces éléments déterminent la survie après une hypothermie accidentelle. Le skieur a ici eu beaucoup de chance: pas de blessure, suffisamment d’air et un bon équipement pour faire face à la baisse des températures sous ces quelques centimètres de neige.
Degrés d’hypothermie
«Cela aurait été complètement différent si la couche neigeuse avait été de plusieurs mètres, souligne le médecin lausannois. Au-delà de 2 mètres, il est extrêmement rare de réanimer des victimes d’avalanches avec succès, même après un temps court.»
Un sujet est atteint d’hypothermie lorsque sa température corporelle tombe au-dessous de 35°C. Le métabolisme ralentit alors progressivement: débit et fréquence cardiaques, activité cérébrale, perte des défenses immunitaires, coagulation impossible. Au-dessous de 32°C, la victime s’endort; elle est alors en «hypothermie modérée». Au-dessous de 18°C, la survie après hypothermie accidentelle est très rare.
Et pourtant, même à ce stade, la victime peut être ramenée à la vie. Car le froid conserve! C’est le taux d’ions potassium contenus dans le sang des victimes qui en décide. Une valeur trop élevée indique que les cellules corporelles sont détruites. «Le froid a une action très positive, explique Mauro Oddo. Il préserve les organes et surtout le cerveau en cas d’arrêt cardiaque. Nous l’employons chez nous pour améliorer le recouvrement des facultés cérébrales.»
Depuis sept ans, ce spécialiste en neuroréanimation utilise l’hypothermie de façon thérapeutique, en collaboration avec les cardiologues et neurologues du CHUV. Méthode appliquée à des patients comateux amenés aux urgences suite à un arrêt cardiaque: 24 heures d’hypothermie à 33°C, puis retour à une température corporelle normale, en une dizaine d’heures. «Cette méthode nous a permis d’augmenter significativement la récupération neurologique par rapport à la normale, presque de la doubler.»
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