L’enneigement de la saison 2011-2012 s’est révélé très différent selon les massifs.
Les Alpes du Nord ont connu une excellente saison avec des conditions météorologiques contrastées et un début d’enneigement tardif.
Dans les Alpes du Sud, l’enneigement est plus précoce, dès novembre dans certains massifs. Ensuite, on observe un contraste marqué entre les massifs du nord qui bénéficient d’un bon enneigement jusqu’à début mars et ceux de l’extrême sud où il est resté faible toute la saison.
Dans les Pyrénées, l’hiver sec a maintenu un enneigement déficitaire en décembre, janvier et mars, déficit plus net encore sur l’est de la chaîne. Le manteau neigeux a malgré tout bénéficié de chutes de neige opportunes à la mi-décembre et début février qu’aucun redoux pluvieux n’a fait fondre prématurément. L'épisode froid de la première quinzaine de février, accompagné de chutes de neige, figure parmi les plus intenses depuis 30 ans.
Dans le Jura et les Vosges, le manque de neige s’est régulièrement fait sentir en dessous de 1000 m. Plus haut, l'enneigement a été plus abondant,  mais la fonte a été assez précoce en mars. Dans le Massif-Central, l’enneigement est resté faible tout l’hiver.
 

Alpes du Nord

Les conditions météorologiques de novembre 2011 n’ont pas favorisé un enneigement précoce, contrairement aux hivers précédents. Durant l’automne, la sécheresse a persisté jusqu’à très haute altitude, en particulier sur les massifs les plus au nord.

Début décembre, la montagne blanchit dès 600 m dans certains secteurs et la neige tombe en abondance en altitude. En deux semaines, l’enneigement au-dessus de 1500 m devient conforme aux normales pour une mi-décembre tandis que plus bas, le déficit de neige persiste. Du 3 décembre au 7 janvier, d’abondantes précipitations se produisent accompagnées de vents souvent forts (notamment dans la nuit du 5 au 6 janvier, avec des rafales jusqu’à 170 km/h au Mont Cenis à 2040 m, 178 km/h au dôme de Petites Rousses à 2800 m). Les hauteurs de neige relevées sont remarquables, parfois inédites depuis 30 ans (janvier 1982) pour cette période. Elles sont équivalentes aux hauteurs maximales atteintes habituellement entre début février et début avril selon l’altitude.

Fin janvier, après de nouvelles chutes, l’enneigement sur l’ensemble des Alpes du Nord est largement excédentaire pour la période, notamment en dessous de 2000 m. Il se situe parmi les dix hivers les mieux enneigés des 50 dernières années.

Février est le mois des records : d’une part une sécheresse exceptionnelle, d’autre part des températures remarquablement contrastées. Une vague de froid d’une rare intensité survient la première quinzaine, avec des valeurs remarquables relevées le 5 février au matin : 29,5°C à Tignes (2080 m), 28°C à Bessans (1710 m), 26°C à Méribel-Mottaret (1700 m). La deuxième quinzaine est marquée par deux pics de chaleur avec une valeur record de + 10,7°C à Tignes les 24 et 29 février. Fin février, l’enneigement est encore très bon, dès 900 à 1000 m en versant nord, 1200 à 1300 m en versant sud et les épaisseurs varient de 50 à 150 cm à 1500 m à de plus de 2 m à 2500 m.

En mars, le temps remarquablement sec, ensoleillé et doux se poursuit. L’épais manteau neigeux résiste même si la fonte continue. L’enneigement reste excédentaire pour la saison dans tous les massifs jusqu’à la mi-mars. Des conditions de neige printanière dominent avec des différences nettes suivant les versants et les massifs : l’enneigement est meilleur en Haute-Savoie que sur les massifs situés entre le Vercors à la Haute-Maurienne.

A partir du 5 avril, le temps devient maussade et frais, la neige recouvre à nouveau les pentes parfois dès 1000 m et le manteau neigeux s’épaissit au-dessus de 1500 m. Au 22 avril, à l’exception de la Haute-Maurienne, les épaisseurs de neige sont à nouveau conformes aux valeurs de saison ou légèrement excédentaires au dessus de 1500 m.

4/01. lta. Le point sur l’enneigement en Chartreuse orientale.

 Comme dans toutes les Alpes du Nord, l’enneigement est très bon pour la saison malgré des températures supérieures à la normale en ce début d’hiver, et ce grâce à une grande pluviométrie en décembre dernier, alors que l’automne avait été extrêmement sec. J’ai relevé 229 mm d’eau sur un mois sur les contreforts est de Chartreuse (Bernin) ce qui signifie que le secteur de la dent de Crolles a dû recevoir quelque chose comme trois mètres de neige avec le gradient d’altitude.

 Quantité de neige. A ce jour, on relève les premières traces de neige vers 500 m et un enneigement continu à partir de 800 m. A 900 m, on relève 20 cm de neige au sol (mesure à plat) et à 1100 m, 40 cm. A partir de 1200 m, la quantité augmente rapidement pour atteindre 1 mètre à 1400 m (secteurs des cols du Coq et de Marcieu). Plus haut, j’ai sondé ce jour 140 cm à 1600 m près du habert de Pravouta.

 Qualité de neige. Une fois passée la croûte de glace qui recouvre le sol, on trouve une grosse épaisseur de neige humide gorgée d’eau, garante d’une excellente sous couche mais qui manque de regel. Un gros coup de froid sur quelques jours permettrait de garantir définitivement la saison jusqu’en avril. Au-dessus, on relève 5 cm de neige récente vers 1100 m et plus de 20 cm vers 1600 m. Cela devrait évoluer rapidement car on attend demain 60 cm de neige supplémentaires sur les Préalpes mais avec une limite PN fluctuant toute la journée entre 1000 et 1800 m. Le refroidissement de vendredi en fin de flux devrait rendre le paysage hivernal à tous les étages.

05/01. jib Après le puissant redoux du 31/12-01/01, permettant de stabiliser (temporairement) le manteau très instable suite à la chute du 30/12, les conditions redeviennent perturbées entre le 03 et le 06 janvier, avec une accumulation de plus ou moins 1 mètre de fraiche à 1800 m sur les Alpes du Nord, et un pic de mauvais temps venté le 05.

Comme depuis la mi-décembre, la limite pluie-neige fluctue entre 800 et 2000 m au gré des épisodes et des massifs (les massifs préalpins étant les plus vulnérables aux redoux).

Les quantités sont environ moitié moindres au nord et à l’ouest des Hautes-Alpes et plus insignifiantes au sud, plus épargné par le flux d’ouest à nord-ouest. Pour le 06 janvier, les massifs du Mont-Blanc, de Belledonne et tous ceux de Savoie sont placés en risque 5 par Météo France.

6/01. lta. Située à 1700 m d’altitude, la balise nivose de Chartreuse orientale accuse un bonus de 65 cm pour ces dernières 24h. Compte tenu des mesures faites il y a deux jours, le plateau de Pravouta doit donc maintenant être recouvert d’un manteau de 2 mètres de neige, épaisseur remarquable pour la date.

18/01. jib. Entre le 9 et le 18 janvier, l’anticyclone s’installe franchement, avec des températures modérées altérant peu le manteau neigeux.

Au 19 janvier, l’ensemble des massifs des Alpes du Nord et du Sud sont placés en risque 1 à 2 par Météo-France. L’Anena ne recense aucun accident mortel, contre 7 à la même date en 2011 (pour 14 décès) et 8 en 2010 (10 décès).

A partir du 19 en soirée, les épisodes perturbés reviennent par le nord-ouest.

21/01. lta. Secteur du col du Coq 40 mm d’eau depuis hier sur Bernin, confirmés à 1000 m d’altitude à Saint-Pancrasse avec 35 cm de fraîche ce matin (un peu de tassement dû à la pluie remontée en fin d’épisode vers 1100 m). Neige humide donc jusque vers 1200 m avec à 1250 m, un sondage donnant 45 cm de fraîche pour 120 cm au total. Plus haut, au bas de la prairie de la dent de Crolles (alt. 1450 m), on relevait ce matin 160 cm au total dont 50 cm pour la couche supérieure. On notera qu’il est tombé presque le double dans certains secteurs de Haute-Savoie : de source sûre, on relevait ce matin 80 cm de neige à Saint-Nicolas-de-Véroce à 1180 m d’altitude, entre Mont-Blanc et Arly.

7/12.vsh. Et pour commencer, la nivose du col de Porte ne répondant pas, voici l’état des lieux en Chartreuse sud. 10 cm de neige fondue à 1000 m, 30 cm très humide à 1300 m, 50 cm à 1600 m. Il s’agit des premières chutes de neige conséquentes jusqu’en moyenne montagne, notamment les 6 et 7 décembre, affectant principalement les Alpes du nord (beaucoup moins au sud des Hautes Alpes). Les chutes les plus importantes sont en Savoie et en Haute-Savoie. MF73 relève 60 cm à 1200 m en Beaufortain, 45 cm à 900 m au nord de la Haute Tarentaise, 50 cm à 1300 m en Vanoise ; MF74 estime la couche à 70 cm dans le haut de la vallée de Chamonix. Cet épisode peut avoir des conséquences contrastées.

 Le radoucissement, s’il n’est pas trop fort et durable, peut permettre d’espérer la formation d’une sous-couche skiable à partir de 1000-1300 m selon les massifs.

 Au-dessus de 2300-2500 m, dans les versants nord, l’apport récent de neige ventée, repose sur une neige ancienne sans cohésion. Le danger peut être important même là où ces sous-couches sont peu épaisses.

Début de saison en Chartreuse